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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Lanaudiére. De plus, Cugnet était traducteur à l’assemblée législative. En 1799 Lanaudiére figure seul comme traducteur français et secrétaire du conseil exécutif.

L’agitation politique se concentrait principalement à Montréal. À la suite de plusieurs assemblées publiques et de beaucoup de discussions, les citoyens de cette ville nommèrent trois d’entre eux qu’ils chargèrent d’aller soumettre à Londres un projet de réformes administratives applicables à tout le Canada.

Jean-Guillaume Delisle de la Cailleterie, originaire de Nantes, avait épousé, à New-York, vers 1753, une demoiselle Danton, de famille anglaise, qui lui donna un fils, nommé aussi Jean-Guillaume, avec lequel il vint s’établir à Montréal. L’enfant entra, le 1er  juin 1767, dans la classe latine que M. l’abbé Curateau, de la Longue-Pointe, ouvrait à cette date dans sa paroisse et qui fut le commencement du collège de Saint-Raphël, de Montréal ou de Saint-Sulpice. Le jeune Delisle fut notaire à Montréal, de 1787 à 1819 ; son fils, le grand-connétable, Benjamin Delisle, figure dans l’histoire des troubles de 1837-38. Quant à Jean-Guillaume Delisle, père, il exerça la profession de notaire, à Montréal (1768-1787), fut greffier de la fabrique de cette ville et publia, vers 1777, un livre qui traite de l’administration des œuvres de fabrique en Canada. C’était un érudit, très estimé pour son caractère et ses vastes connaissances, principalement en physique. En 1783, il fut député en Angleterre, ainsi que M. Adhémar de Saint-Martin et M. Powell, avec mission de solliciter, pour tous les habitants de la colonie, sans distinction de race ou de religion, égalité devant la loi dans les affaires publiques, etc. De son second mariage, contracté à Montréal, avec Suzanne de Mézières de l’Épervanche, il eut deux fils, Ambroise et Auguste, ce dernier notaire à Montréal.

Antoine Adhémar de Saint-Martin, de la maison très distinguée de Lantagnac, né en en 1640, dans la ville de Salvi, haut Languedoc, se maria, le 10 octobre 1667, à Québec, avec Geneviève Sageot, et dès l’année suivante s’établit comme notaire. Son greffe, qui va de 1668 à 1714, est avec celui de son fils, le plus intéressant que renferme le palais de justice de Montréal. Exerçant à la fois comme notaire et siégeant comme juge, il demeura dans les gouvernements des Trois-Rivières et de Montréal. Il épousa, en secondes noces (1687), Michelle, fille du notaire Jean Cusson, du cap de la Madeleine. Son fils, Jean-Baptiste, né à Montréal en 1689, lui succéda en 1714 et continua son greffe jusqu’en 1754. Le fils de ce dernier fut député en Angleterre (1783) avec Jean-Guillaume Delisle et William Dummer Powell, pour demander une chambre d’assemblée et le maintien des lois civiles françaises. Ducalvet écrivait l’année suivante que, en dépit de leur mérite personnel, de simples citoyens ne pouvaient s’attendre à être écoutés ; néanmoins, la mission de ces trois hommes ne fut pas tout-à-fait infructueuse puisqu’elle contribua à éclairer les ministres sur la situation de la colonie. Les entrevues en question eurent lieu à Londres, de février à mars 1784. Le baron Francis Mazères, au nom du gouvernement, offrit d’accorder : 1. l’habeas corpus sous la signature des magistrats et non du gouverneur ; 2. d’accorder le jury à la demande des parties en cause, tel que cela avait eu lieu de 1764 à 1775; 3. de n’autoriser le renvoi d’un