Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome VIII, 1884.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

cette ville. Esprit éclairé, très patriote, il a mêlé son nom à plusieurs œuvres qui doivent à sa munificence une partie de leur prospérité.

Pierre-Chrysologue Pambrun, né à l’Islet, le 17 décembre 1792, partit avec son père qui allait s’établir à Vaudreuil. En 1812, il s’enrôla dans les Voltigeurs, compagnie Jacques Viger, combattit à Châteauguay, et, après la guerre, prit la route du nord-ouest, pour le compte de la Baie d’Hudson. En 1821, on le retrouve à Cumberland House sur le 53e degré de latitude. Il avait acquis de l’importance et exerçait un commandement en rapport avec ses capacités reconnues. Plus tard, étendant toujours les opérations qu’on lui confiait, il se rendit à la baie d’Hudson, mais il voulait pénétrer jusqu’au Pacifique et vers 1830 il arrivait à Vancouver. Deux ans après, il commandait au fort Oualla-Oualla et y attirait la traite des Sauvages mieux que n’avaient su faire ses prédécesseurs. Les missionnaires de cette région trouvaient en lui un protecteur influent. On raconte qu’il avait promulgué un code de loi auquel toutes les tribus et même les blancs se soumettaient avec plaisir. La considération dont il jouissait le rendit précieux à la compagnie de la baie d’Hudson qui le traita constamment avec de grands égards.

Joseph Larocque fut un de ceux qui contribuèrent le plus au succès de la compagnie du Nord-Ouest. Dès 1807 il avait appris les langues sauvages et s’était fait remarquer par ses patrons. Son frère aîné, François-Antoine, remplissait des charges de confiance dans les postes les plus avancés. En 1815, Joseph se rendit à Oualla-Oualla comme traiteur en chef. Après trente années de cette vie aventureuse, il se retira, possédant de gros revenus. Il est mort à Ottawa le 1er décembre 1866.

Le 11 septembre 1881 se terminait l’existence de Simon Plamondon âgé d’un siècle moins huit mois, l’un des premiers Canadiens établis en Orégon. Durant sa longue carrière de colon, d’interprète, de guide, il avait reçu les éloges d’une foule de voyageurs et de fonctionnaires publics, trop heureux d’avoir recours à son expérience et à son extrême bonne volonté. Ce fut dans sa maison, écrit le major Edmond Mallet, que le saint sacrifice de la messe fut célébré par M. le grand-vicaire Blanchet en 1838, lors de sa première mission au milieu de ces contrées.

Dans les territoires du nord-ouest et jusqu’à l’océan Pacifique, les premiers évêques catholiques ont été des Canadiens. Monseigneur Joseph-Norbert Provencher, natif de Nicolet, prit la direction du diocèse de Saint-Boniface en 1820 ; Mgr  Alexandre-Antoine Taché lui succéda en 1853. Mgr  François-Norbert Blanchet, de Saint-François de la rivière du Sud, était en Orégon dès 1838 ; son frère Mgr  Augustin-Magloire Blanchet, dans la vallée de Walla-Walla sept ans plus tard. Mgr  Modeste Demers, de Saint-Nicholas, près Québec, devenait évêque de Vancouver en 1844. Nos religieuses, répandues dans l’ouest et le nord-ouest dès le commencement du siècle, ne tardèrent pas à franchir les Montagnes-Rocheuses ; on les retrouve dans toutes les directions — et jusqu’au Texas, au Nouveau-Mexique, à la Californie.