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les pauvres qu’on faisait, dans laquelle la pièce de choix était un morceau de l’échine du porc, avec la queue y tenant, qu’on appelait l’échignée ou la chignée. Les enfants criaient à l’avance en précédant le cortège : La chignée qui vient ! On préparait alors sur une table une collation pour ceux qui voulaient en profiter et les dons pour les pauvres.

« Les Ignoleux, arrivés à une maison, battaient devant la porte avec de longs bâtons la mesure en chantant : jamais ils ne pénétraient dans le logis avant que le maître ou la maîtresse de la maison, ou leurs représentants, ne vinssent en grande cérémonie leur ouvrir la porte et les inviter à entrer. On prenait quelque chose, ou recevait les dons dans une poche qu’on allait vider ensuite dans une voiture qui suivait la troupe ; puis on s’acheminait vers une autre maison, escortés de tous les enfants et de tous les chiens du voisinage, tant la joie était grande… et générale ! »

Non loin de Châteauneuf, dans le Perche, existe le hameau de Guilandru ; les localités des environs rappellent des noms de druides et de chênes.

Dans le Perche, aujourd’hui, les enfants vont, au 1er janvier, chercher leur « eguilan. » On dit aussi « aguilan. »

Voici la chanson de La Ignolée, telle qu’on la chantait encore en Canada, il y a quelques années, dans les paroisses du bas du fleuve d’après M. Taché :


Bonjour le maître et la maîtresse
Et tous les gens de la maison,
Nous avons fait une promesse
De v’nir vous voir une fois l’an.
Une fois l’an ce qui n’est pas grand chose
Qu’un petit morceau de chignée.