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VOYAGE DE NOCE



UN proverbe dit : « Ne comptez pas sans votre hôte. » Je vais vous donner la preuve que c’est chose véritable.

L’aventure est toute fraîche, mois d’août 1899. Mais pour commencer, remontons plus loin.

Isidore Pincemailles avait un père, un petit frère et une sœur. Le père était parcimonieux, ce qui veut dire près de ses pièces. Le frère était industrieux et tenait de son père pour la restriction des dépenses. La sœur se laissait vivre et craignait son grand frère Isidore. Bonne pâte de fille.

Voilà tout le sujet d’un drame.

Il advint que le père mourut, que le petit frère mourut aussi, et que la succession combinée des deux personnes échut à Isidore et à sa sœur Zétulbée — en tout vingt mille piastres, chacun la moitié, libre et franc du collier.

Isidore conserva la maison paternelle, garda chez lui sa sœur, soigna la succession en général. C’est un grand diable, que cet Isidore. Ce qu’il veut il le veut bien résolument. Zétulbée, d’un caractère flottant, ne demandait qu’à se laisser vivre et à lui obéir.


Si vous voulez que je l’explique,
Ce garçon n’a rien de marquant.
Il n’a même rien d’apparent,
Mais c’est un frère… sans réplique.

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