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HISTORIETTES ET FANTAISIES

rayon de cent pieds autour de sa propre personne, mais cela il le voit bien et le raconte de même.

La vie du soldat et du petit officier est peinte sous sa plume ; pas moyen de s’y tromper. Les hauts panaches ne ressemblent pas aux simples coiffures que porte la masse des troupes. De même, dans les arrangements et les combinaisons des chefs, on ne voit que des manœuvres à grand effet, mais rien des mouvements de ces êtres qui grouillent en bas et gagnent des batailles sans savoir comment ils arrivent à de pareils triomphes.

La vie du troupier est toute d’obéissance et de sacrifice. La conception des autres choses ne lui est pas interdite ; elle ne lui est pas demandée non plus. Simple rouage dans une immense machine, il va jusqu’à ce qu’il casse — et alors on le remplace.

Très amusant, la guerre !

Pion allait son chemin, entraîné ou poussé, avec une tranquillité parfaite, ce qui implique la bravoure et le savoir-faire. On l’avait mis là : « très bien, j’y suis ; comptez sur moi. » Voilà tout.



— Portez vos quatre batteries au flanc de ce côteau, pour commander la route !

Les batteries partaient à fond de train et pointaient leurs canons en plongeant sur le lieu indiqué. À quoi cette manœuvre pouvait-elle servir ? Pion ne se le demandait même pas, vu qu’il ne connaissait en rien le plan d’ensemble de l’affaire. On lui eût dit : « Faites-vous tuer ici, afin que l’ennemi ne passe pas, » il se serait fait tuer, pour la bonne raison que c’était l’ordre.