Page:Sulte - Historiettes et fantaisies, 1910.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
HISTORIETTES ET FANTAISIES

rapprochait et nous devenions le milieu d’un capharnaüm difficile à décrire. Le froid était déjà piquant, le 7 septembre !

Sans quitter sa butte, le Petit Caporal donne un ordre, à peu près comme qui dirait : « Servez les huîtres » et, tranquillement, les hommes de l’artillerie de la Garde cessent de jouer aux cartes et de conter des contes ; on reforme les rangs plus ou moins ; nos canons s’alignent sur le rebord d’un terrain qui va un peu en pente. Entre chaque batterie on fait un large vide, de manière à laisser passer notre cavalerie qui est au deuxième rang. En arrière, les soldats d’infanterie se placent — mais tout cela se fait avec mollesse : nous n’éprouvons pas encore l’empoignement du combat.

Reprenons nos sièges sur le canapé des vaches. Moi je fais un somme, songeant que la fortune et l’ennemi viennent en dormant.



Arrivent encore des aides-de-camp, qui repartent emportant le même mot :

— Suivez le plan. Je ne veux pas faire démolir la Garde.

Le tas de sable, avec son homme dessus, était à voir, foi de Loche !

La bataille rageait, à droite et à gauche. Petit à petit, nous nous dégourdissions ; le moment de partir en guerre arrivait.

À quatre heures, devant nous, sur les terres un peu plus basses, des masses de troupes se dessinèrent, semblables aux vagues de l’océan, avançant avec menace