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cent trente ans plus tard. Elle habitait une tour élevée, sur les bords de la Lippe, rivière d’Allemagne, qui tombe dans le Rhin, près de Hamm et Wesel aujourd’hui. Ses compatriotes l’honoraient comme une divinité vivante. C’était une druidesse du même genre que celles des Gaules. Son influence s’exerçait jusque dans le pays de Chartres dont nous avons parlé. Chateaubriand l’a mise en relief dans ses Martyrs. En 70 de l’ère chrétienne (au moment où Titus s’emparait de Jérusalem) elle prit part à un soulèvement de la Gaule contre les Romains, puis, se ravisant, elle aida Céréales à pacifier les nations révoltées, mais, plus tard, en 85, elle essaya d’exciter une nouvelle insurrection, fut prise par Rutilius Gallicus, conduite à Rome, et figura comme captive dans un triomphe. Ce fut le coup de grâce porté aux dernières espérances qu’entretenaient les Gaulois, néanmoins la religion druidique ne périt pas encore puisqu’il faut se rendre au VI siècle pour la voir disparaitre. La guignolée résista tout de même.

Clovis, arrivant de la Germanie avec ses Francs, remportait la victoire de Tolbiac en 496 et bientôt fondait dans la Gaule, où se mêlaient déjà tant de nations diverses, ce royaume de France qui devait subsister durant une longue série de siècles.

Pour revenir à la fête du gui et sa transformation en guignolée, il n’y a qu’à voir ce qui en reste encore aujourd’hui. Si l’histoire des quinze ou seize derniers siècles est muette à ce sujet c’est à cause de la déplorable habitude qu’elle a de confiner ses récits aux palais des rois et aux châteaux des grands, mais c’est de l’histoire bien réelle et bien vivante que cette coutume traversant les âges pour arriver jusqu’à nous !

À la place du chêne sacré, du gui, de la faucille d’or que nos pères ont oubliés avec le paganisme, la vertu