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les forges saint-maurice

une substance douce, flexible et solide, tenace, souple à l’extrême, moins susceptible de prendre la rouille que bien d’autres fers connus et, sous ce rapport, il semble exister une grande différence entre elle et les produits de l’Espagne en ce qui concerne l’emploi dans la construction des navires. On charge ce minerai sur des traîneaux l’hiver, et en été sur des charrettes pour l’amener aux fourneaux des Forges.

Avec le minerai, il tombe dans le fourneau une proportion de pierre à chaux broyée que l’on se procure dans les environs des Forges. C’est le fondant destiné à durcir le fer qui est généralement doux comme il a été dit. Cette pierre à chaux est grise. On emploie aussi dans le même but de la marne argileuse (terre à pipe) qui se trouve dans le voisinage.

Le pays, n’étant qu’une vaste forêt primitive, donne en abondance le sapin et autres arbres toujours verts pour fabriquer le charbon des forges. Le charbon des hauts-fourneaux est fait avec le bois des arbres à feuilles décidues — qui renaissent tous les ans.

Il y a, sous un même toit, deux grandes forges auxquelles sont adossées deux forges plus petites. Les soufflets en bois « et tout le reste » ressemblent aux forges suédoises. Les hauts-fourneaux sont près des forges et là encore, c’est une copie de ce que notre voyageur avait vu dans la Suède. Ni lui ni ceux qui l’accompagnaient ne savaient que nos ouvriers étaient les petits-fils des hommes que le ministre Colbert avait envoyés en Suède apprendre le métier.

Dans les London Documents, VI, 581, il y a un rapport que M. Stoddart écrivit au gouverneur Clinton, de New-York, sous la date de 1750, disant qu’il y a cinq forges en activité à Saint-Maurice et qu’on lui a fait savoir qu’on y coule des