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les forges saint-maurice

trois endroits, ils observent la cérémonie de frotter les souliers aux étrangers pour avoir de quoi boire[1]. Cet établissement est considérable. Il y a au moins cent vingt personnes qui y sont attachées. On ne brûle dans les fourneaux que du charbon de bois que l’on fabrique à une distance un peu éloignée de l’endroit. La mine est bonne, belle et assez nette. Ci-devant on la tirait sur les lieux mais aujourd’hui il faut l’aller prendre à deux ou trois lieues au loin.

« La régie de ces forges se fait par économie[2]. On doit sentir de là qu’en égard à la multiplicité des objets de dépense, s’il n’y a pas un homme à la tête entendu, droit et désintéressé, il peut s’y commettre bien des abus. Entre autres employés, le roi y entretient un récollet à titre d’aumônier[3].

« Le fer est estimé au-dessus de celui d’Espagne. Il se débite à Québec dans les magasins du roi, au prix de vingt-cinq à trente francs le cent pesant, et il m’a été assuré que sur le registre de la vente il n’y était porté qu’à douze francs dix sous.

« Si l’on veut une plus grande connaissance de ces for-

  1. Les ouvriers des Forges allant en ville à pied (pour assister à la messe du dimanche) portaient à la main leurs chaussures cirées avec de la mine et ne les mettaient qu’à la descente du grand coteau où commence la rue des Forges. Très soigneux de leur toilette, ils avaient des habits propres et bien taillés, des chapeaux frais, du linge immaculé et l’on connaissait à cette tenue les « gens des Forges ». Il en était encore ainsi vers 1850.
  2. Le contraire de l’affermage.
  3. Jusqu’à 1763. Dès lors, la paroisse des Forges fut visitée par le curé des Trois-Rivières jusqu’à 1860 ; de 1860 jusqu’en 1903, un des prêtres du séminaire fut chargé de la desserte régulière des Forges. Depuis 1903, la mission est desservie par un prêtre de l’évêché.