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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/90

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papineau et son temps

autorité abusive et de peuple traité en esclaves. L’hérédité de la couronne a toujours fait naître l’oligarchie, c’est-à-dire un petit nombre de familles fournissant des ministres au souverain, et le résultat n’a fait que rendre plus complet l’esclavage général.

L’œuvre du temps est la première chose à comprendre lorsque l’on étudie le passé. C’est commettre une erreur profonde que de reporter en arrière les idées et les pratiques de nos jours. Autrefois est si complètement autrefois que la ressemblance avec nos us et coutumes ne se retrouve presque pas. Avant la réforme de 1832 il y avait en Angleterre plus de quatre-vingts différents droits de vote pour l’élection des membres du parlement qui représentaient les bourgs et villages dans les différentes régions du royaume.

Les bourgs et villages des Cornouailles, par exemple, envoyaient quarante-deux délégués à la chambre des Communes, tandis que la ville de Londres n’en avait pas plus de quatre.

Le parc de Gratton, réservé à la chasse, comptait quelques habitants qui envoyaient à la législature autant de membres que les villes prospères de Westminster ou Bristol.

Des localités de rien, comme East Looe et West Looe élisaient autant de députés que les grands comtés de Yorkshire et de Devonshire.

Dans les comtés régnait un système moins mêlé, plus uniforme, mais là comme ailleurs, tout dépendait de l’influence de quelques familles. On cite Wharton qui à lui seul faisait élire cinquante membres au temps de Guillaume III. Les votations duraient des jours et des semaines, parfois quarante jours.