Page:Sun Zi - L’Art de la guerre, les treize articles, 1996.djvu/32

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celui qui est habile dans l’art de la guerre est irrésistible, et son attaque est réglée avec précision.

Le potentiel de ces sortes de guerriers est comme celui de ces grands arcs totalement bandés, tout plie sous leurs coups, tout est renversé. Tels qu’un globe qui présente une égalité parfaite entre tous les points de sa surface, ils sont également forts partout ; partout leur résistance est la même. Dans le fort de la mêlée et d’un désordre apparent, ils savent garder un ordre que rien ne saurait interrompre, ils font naître la force du sein même de la faiblesse, ils font sortir le courage et la valeur du milieu de la poltronnerie et de la pusillanimité.

Mais savoir garder un ordre merveilleux au milieu même du désordre, cela ne se peut sans avoir fait auparavant de profondes réflexions sur tous les événements qui peuvent arriver.

Faire naître la force du sein même de la faiblesse, cela n’appartient qu’à ceux qui ont une puissance absolue et une autorité sans bornes (par le mot de puissance il ne faut pas entendre ici domination, mais cette faculté qui fait qu’on peut réduire en acte tout ce qu’on se propose). Savoir faire sortir le courage et la valeur du milieu de la poltronnerie et de la pusillanimité, c’est être héros soi-même, c’est être plus que héros, c’est être au-dessus des plus intrépides.

Un commandant habile recherche la victoire dans la situation et ne l’exige pas de ses subordonnés.

Quelque grand, quelque merveilleux que tout cela paraisse, j’exige cependant quelque chose de plus encore de ceux qui gouvernent les troupes : c’est l’art de faire mouvoir à son gré les ennemis. Ceux qui le possèdent, cet art admirable, disposent de la contenance de leurs gens et