Page:Sun Zi - L’Art de la guerre, les treize articles, 1996.djvu/35

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démarches ; mais en attendant, tâchez de l’affamer au milieu de l’abondance, de lui procurer du tracas dans le sein du repos, et de lui susciter mille terreurs dans le temps même de sa plus grande sécurité.

Si, après avoir longtemps attendu, vous ne voyez pas que l’ennemi se dispose à sortir de son camp, sortez vous-même du vôtre ; par votre mouvement provoquez le sien, donnez-lui de fréquentes alarmes, faites-lui naître l’occasion de faire quelque imprudence dont vous puissiez tirer du profit.

S’il s’agit de garder, gardez avec force : ne vous endormez point. S’il s’agit d’aller, allez promptement, allez sûrement par des chemins qui ne soient connus que de vous.

Rendez-vous dans des lieux où l’ennemi ne puisse pas soupçonner que vous ayez dessein d’aller. Sortez tout à coup d’où il ne vous attend pas, et tombez sur lui lorsqu’il y pensera le moins.

Pour être certain de prendre ce que vous attaquez, il faut donner l’assaut là où il ne se protège pas ; pour être certain de garder ce que vous défendez, il faut défendre un endroit que l’ennemi n’attaque pas.

Si après avoir marché assez longtemps, si par vos marches et contre-marches vous avez parcouru l’espace de mille lieues sans que vous ayez reçu encore aucun dommage, sans même que vous ayez été arrêté, concluez : ou que l’ennemi ignore vos desseins, ou qu’il a peur de vous, ou qu’il ne fait pas garder les postes qui peuvent être de conséquence pour lui. Évitez de tomber dans un pareil défaut.

Le grand art d’un général est de faire en sorte que l’ennemi ignore toujours le lieu où il aura à combattre, et de lui dérober avec soin la connaissance des postes qu’il fait garder. S’il en vient à bout, et qu’il puisse cacher