Page:Sureau - La Légende de Gayant, 1856.pdf/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II.


La Gaule avait perdu son nom et sa croyance.
La doctrine du Christ et le doux nom de France
Promettaient d’adoucir le langage et les mœurs ;
Mais l’Espérance à peine, a de faibles lueurs
Vaguement éclairé le triste Moyen-âge,
Que le droit féodal établit le servage.
Et le moine égoïste, au fond de son couvent,
Séquestre la science en un vide enervant.
Vainement Charlemagne encourage l’étude
Et couvre les savants de sa sollicitude ;
En vain il veut créer un langage normal ;
C’est en vain qu’affectant un esprit libéral,
Aux pauvres studieux il promet des églises,
Des riches orgueilleux il flétrit les sottises
Et lui-même s’astreint à donner des leçons ;
Car, épuisant les Francs à vaincre les Saxons
Il étend son empire au-delà de ses forces.
Alors il le partage en fiefs : fatals divorces !