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Ainsi chaque cité tombait à leur passage.
Les empereurs français, lâches, non sans remord,
Au lieu d’un fer vengeur, leur présentaient de l’or.
Mais Dieu puissant et bon pour ces pusillanimes,
Voulut que les seigneurs qu’effrayaient tant de crimes,
Fermassent leurs châteaux, relevassent leurs murs,
Retranchés à l’abri de remparts hauts et sûrs,
Raffermissent l’esprit des villes consternées
Pour chasser des Normands les hordes forcenées.
C’est ainsi que soudain, sous les murs de Douai,
Les assauts des Normands trois fois ont échoué.
Cependant, frémissant de honte et de colère,
Comme un lion blessé retourne à sa tanière
En lançant au chasseur de foudroyants regards,
Les Normands, de leur camp menaçaient nos remparts.
Néanmoins, effrayés de leurs pertes sans nombre,
Fatigués de combattre, ils travaillent dans l’ombre.
Lorsque la nuit leur prête un voile protecteur,
Cernant leur camp d’un mur d’imposante hauteur,
Ils semblent, ces brigands que la fureur domine,
Vouloir nous menacer d’une longue famine.
Chose étrange à l’esprit que tout vient signaler !
Car leur camp (de ce nom si l’on peut appeler
Un immense terrain où tout gît pêle-mêle,