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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/284

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NOTE 9.

… Mémoire dans lequel on essaye de faire voir que les communes peuvent, sans autre secours que leurs bras, se mettre à l’abri des torrents secondaires ; par Delbergue-Cormont, ingénieur en chef…
Chap. XVII, page 79.

Voici ce mémoire :

« Il y a deux espèces de torrents : les torrents principaux et les torrents secondaires. Les premiers sont faciles à distinguer ; ils coulent toujours dans la vallée principale ; ainsi, la Durance, le Guil, les Deux-Buëch, le Drac, etc., sont des torrents principaux.

» Les seconds descendent des montagnes latérales de la vallée, et viennent croiser, suivant un angle plus ou moins droit, le torrent principal qui occupe le fond de la vallée ; il suit de là que les torrents de Sarrazin, de Boscodon, sont des torrents secondaires. Les moyens employés jusqu’ici pour se rendre maître des torrents principaux sont de les encaisser par des digues revêtues de pierres. J’ai fait voir, dans un autre mémoire, qu’on pouvait obtenir les mêmes résultats plus économiquement ; mais ne voulant m’occuper en ce moment que des torrents secondaires, je reviens à mon objet.

» Avant de proposer les moyens de prévenir ou de réparer les ravages que font les torrents secondaires, il faut connaître ces torrents, et pour cela, les prendre à leur naissance, les examiner dans leur cours, et en les suivant dans l’accroissement de leur lit, chaque année, indiquer les dommages infinis qu’ils peuvent occasionner. Il est certain qu’un torrent secondaire ne fait que peu ou point de mal tant qu’il est resserré entre des rives escarpées. C’est lorsqu’il quitte les montagnes latérales pour entrer dans la vallée qu’il commence ses ravages. Examinons comment cela arrive.

» Tant que les eaux du torrent sont contenues par des rives escarpées, elles roulent en grande masse et entraînent avec elles non-seulement les graviers, mais même des rochers énormes. À peine sont-elles sorties de la montagne, que, n’étant plus soutenues par des rives, elles se divisent en mille petits courants. Loin d’entraîner les rochers, elles roulent à peine les graviers, et leurs forces diminuent de plus en plus ; elles portent à peine quelques grains de sable au torrent principal. Cela explique parfaitement la forme que prennent les dépôts formés par les torrents secondaires. À la sortie de la montagne, cette forme est celle d’une portion de cône dont le sommet répond au point où le torrent sort de la montagne. En effet, les eaux, en quittant la montagne, ont encore une force acquise qui leur permet de rouler les rochers à quelque distance ; dans le second instant, cette force étant diminuée, elles déposent les rochers et ne charrient plus que les pierres ; dans le troisième instant, la force étant encore diminuée, elles abandonnent les pierres, puis ensuite les graviers. Voilà donc un premier dépôt qui sera moins considérable à mesure qu’il s’éloignera de la montagne. Dans une seconde crue du torrent, les eaux s’échappent totalement, et le dépôt de sable et de gravier s’élargira moins, toujours en suivant une pente. Enfin, l’accroissement peut devenir si considérable, que les côtés du cône se rapprochent de la mon-