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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/295

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» 7o Enfin, les défrichements, dans tous les cas, ne devraient pouvoir s’effectuer qu’avec l’autorisation des autorités municipales respectives, et d’après la vérification et le tracé préalables qui en seraient faits par un officier public, à ce préposé dans chaque commune.

» Il n’y a personne qui ne voie que, d’après un pareil règlement, on éviterait à l’avenir tous les désastres produits par les défrichements arbitraires, et presque toujours fort mal entendus pour le public et le particulier ; désastres dont nous avons fait l’énumération aux n. 146 et 152.

» La nature n’est que plus active lorsqu’elle est aidée par l’industrie humaine. Ainsi, dans les cas où l’on voudrait hâter sur certains penchants de montagnes la multiplication des bois, il ne serait souvent pas mal d’y semer, soit des glands, soit des faines de l’espèce d’arbres qu’on présumerait être propre aux localités. Il y a plus d’un pays où l’on s’est parfaitement bien trouvé de l’usage de ce moyen, qui paraît pourtant extraordinaire aux yeux du vulgaire.

» Il y a des cas où il reste assez peu de terre sur les montagnes pour faire présumer que les bois n’y prendraient que de faibles accroissements. On pourrait alors, avec succès, gazonner ce terrain en y semant des graines des plantes qui seraient jugées le plus propres aux localités. Le tissu superficiel que le gazon formera, sera un obstacle à la formation des torrents ; et d’ailleurs, par ce moyen, on créera des pâturages utiles.

» Ce sont là les moyens de prévenir la formation des torrents sur les montagnes. Il nous reste à voir ceux qu’il faut employer pour détruire, lorsque la chose est possible, les torrents déjà formés… »


NOTE 18.

Analyse du Mémoire de M. Dugied.
Chap. XXXVII, page 183.

J’ai cité si souvent M. Dugied dans le courant de mon travail, et son mémoire est conuu d’un si petit nombre de personnes, même dans les localités pour lesquelles il a été spécialement écrit, que je crois devoir ici en donner une analyse. — J’exposerai les idées de l’auteur en me conformant à l’ordre qu’il a lui-même suivi.

« … Plus de la moitié du département des Basses-Alpes est couvert de terrains arides et improductifs. Là se creusent des torrents nombreux qui, descendant ensuite dans les vallées fertiles, achèvent la ruine du pays.

» Deux causes ont surtout contribué à amener ce triste état de choses : la destruction des forêts d’une part, et de l’autre, la manie des défrichements. Il est grandement temps de s’occuper des remèdes ; car plus tard, les remèdes seraient devenus impossibles.

» Pour arriver à la régénération du département, trois mesures sont à prendre :

» 1o Empêcher les défrichements nouveaux, et rendre aux terres défrichées leur adhérence primitive.