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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/48

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CHAPITRE VI.


Causes et résutats de la formes des lits de déjection.

Deux causes concourent à former les lits de déjection.

D’abord, le torrent qui sort d’un lit encaissé dans la montagne, tombe dans une vallée où les berges lui manquent tout à coup. Là, sa section transversale peut s’étendre sur une largeur presque indéfinie, puisque cette largeur n’est pas autre chose que la longueur même de la vallée. Alors ses eaux s’épanchent dans tous les sens : de là, perte de vitesse, et exhaussement.

Ensuite le torrent passe de la pente rapide qu’il avait dans la montagne, à la pente douce de la plaine : nouvelle cause de perte de vitesse et d’exhaussement.

Il y a donc deux causes qui font qu’un torrent dépose des matières dans son lit et qu’il l’exhausse : 1o l’élargissement de section ; 2o la diminution de pente. Ces deux causes sont uniques ; elles sont distinctes, bien indépendantes l’une de l’autre, et cette remarque est essentielle. Dans les torrents, dont le lit de déjection a déjà pris la pente limite, les dépôts ne se forment plus qu’en vertu de la première cause ; on peut donc les faire cesser en rétrécissant le lit. Sur d’autres torrents, au contraire, où la pente n’est pas encore arrivée à cette limite qui correspond à l’entraînement des matières, celles-ci continueront toujours de se déposer, en vertu de la seconde cause.