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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/91

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vrage, on plante, dans les interstices des blocs, des boutures de saule, d’osier, d’aune, de peuplier, d’hippophaés, etc., suivant la convenance du terrain.

La digue, ainsi construite, et placée le long de la rive à défendre, sert d’enracinement à de petits épis, de 8 mètres de longueur, inclinés de 10 degrés vers l’amont, et espacés de 100 en 100 mètres. Chaque épi est terminé par un musoir de 8 mètres de longueur, dirigé vers l’aval, et dont l’axe est perpendiculaire à celui du corps de l’épi. La surface de l’épi forme un dos d’âne, dont les deux versants suivent l’inclinaison de un et demi de base sur un de hauteur, et dont l’arête supérieure, arrondie et rectiligne, s’abaisse de la racine au musoir, en suivant une pente constante de 25 centimètres par mètre. Les fondations sont descendues à 2 mètres de profondeur près de la levée, et à 3 mètres vers l’extrémité. Toute cette construction est en gros blocs.

Les musoirs sont construits de la même manière, à ces différences près que le niveau des fondations demeure constant sur toute la longueur, et que le profil en dos d’âne diminuant avec la pente en long de l’arête, le musoir se termine par une pointe arrondie.

Tel est ce système, qui fut proposé par M. Spinasse, ingénieur en chef, pour l’endiguement du torrent de Briançon, près de Vitrolles. — Je dis proposé, parce que le projet de M. Spinasse, approuvé en 1829, ne fut pas suivi lorsqu’on procéda à l’exécution des travaux en 1833 : ce qui est certainement regrettable. Nous avons encore si peu d’expérience sur les endiguements des torrents, qu’on doit accueillir avec empressement tous les moyens nouveaux. Quand même l’essai en serait malheureux, il jetterait au moins quelque lumière nouvelle, au milieu d’un sujet encore si plein de ténèbres, et s’il n’enseignait pas ce qu’il convient de faire, il aurait au moins montré ce qu’il est nécessaire d’éviter. — L’abandon des prescriptions du projet n’a pas permis à l’expérience de fixer la valeur de ce système, et il se trouve encore aujourd’hui vierge de toute application. Privé d’observations positives, on ne peut donc avancer que des présomptions.

Ce système est fondé sur deux pensées. — La première, que les eaux affouillent d’autant moins que l’inclinaison des obstacles qui les contiennent est plus douce. La seconde, que les digues actuelles sont dispendieuses à cause des enrochements, et, par conséquent, que c’est dans cette partie qu’il faut principalement porter les perfectionnements, en les dirigeant vers un but d’économie. — L’une et l’autre pensée est également