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Page:Surville - Balzac, sa vie et ses œuvres, 1858.djvu/44

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balzac

Mon frère était fort occupé à cette époque, car, indépendamment de son cours de droit et des travaux dont le chargeaient ses patrons, il avait encore à se préparer pour ses examens successifs ; mais son activité, sa mémoire, sa facilité étaient telles, qu’il trouvait encore le temps d’achever ses soirées à la table de boston ou de whist de ma grand’mère, où cette douce et aimable femme lui faisait gagner, à force d’imprudences ou de distractions volontaires, l’argent qu’il consacrait à l’acquisition de ses livres. Il aima toujours ces jeux en mémoire d’elle ; il s’y rappelait ses paroles, et un de ses gestes retrouvé lui semblait un bonheur arraché à la tombe !

Mon frère nous accompagnait aussi quelquefois au bal, mais s’y étant laissé choir malencontreusement, malgré les leçons qu’il recevait d’un maître de danse de l’Opéra, il renonça à la danse, tant le sourire des femmes qui suivit sa chute lui resta sur le cœur ; il se promit alors de dominer la société au-