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LE HOR.

Querelle entre les tcharvadars : « Comment ! s’est écrié l’un d’eux, douze misérables bossus feraient la loi à trente mulets magnifiques ! »

Les chameliers ont relevé leurs bêtes : deux heures plus tard, nous atteignions un ruisseau boueux.

16 mai. — En quittant la Kerkha, j’avais fait remplir quatre outres. J’ai voulu ce matin les passer en revue ; hélas ! deux d’entre elles ont été vidées par les muletiers ; la troisième, que le cuisinier voulait défendre, a été crevée d’un coup de couteau. Trente litres bus par le sable contre un verre d’eau absorbé par une brute !

LE HOR. (Voyez p. 186.)

17 mai. — Marcel a perdu le sommeil depuis trois semaines ; même avant de quitter Suse, il refusait obstinément notre affreuse nourriture. Les fatigues d’un pareil voyage ne sont pas faites pour améliorer son état. Malgré une fièvre violente, il demeure à cheval pendant les étapes exécutées au commencement et à la fin de la nuit ; mais au prix de quels efforts de volonté et de quelles souffrances ! Il faut encore qu’il supporte les tortures de la soif !

Sliman, que nous rapatrions afin de lui conserver sa précieuse existence, avait été chargé de veiller sur le reste d’une outre arrachée aux muletiers ; j’ai guetté cet aimable serviteur et me suis aperçue qu’il était impossible de placer plus mal ma confiance. Je ne m’en fie plus qu’à moi-même et conserve, suspendue à l’arçon de la selle, une gargoulette qui ne contient pas deux litres d’eau.