quelque pierre antique. J’achète, sans m’inquiéter de leur provenance, amulettes et talismans. Ce soir on m’apporta deux cylindres charmants, propriété, peut-être contestable, d’une belle femme apparentée à un cheikh dont la tribu fournit la majeure partie de nos ouvriers arabes.
J’ai accueilli la visiteuse avec une considération marquée. On croirait qu’elle a emprunté aux teinturiers de nos archers la recette des jaunes de sa chemise, la couleur pourpre du voile et du turban qui drapent sa tête, et à leur tailleur le patron de longues manches pointues traînant jusqu’à terre. Mes efforts pour la déterminer à me céder sa toilette ont été infructueux : quoique fille d’un haut fonctionnaire du désert, elle n’avait qu’une chemise.
L’un des cylindres, gravé sur cristal de roche, représente un taureau ailé, à face humaine, couronné d’une haute tiare. Une inscription de quatre lignes, en caractères susiens, donne le nom du personnage auquel appartint ce bijou et celui d’une divinité protectrice. Autour du second court une scène d’un réalisme transcendant.