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PUITS ARTÉSIENS.

heureusement utilisés par les artistes de la Renaissance. La loupe employée en sertissages, et la semence, comprenant les plus petites perles, sont l’œuvre des apprentis.

Il ne faut pas considérer seulement la forme d’une perle, mais encore son eau et son orient. L’eau est la couleur ; les teintes varient du blanc azuré ou argenté, au blanc jaunâtre, au jaune d’or plus ou moins vif, au rose, au bleu, au lilas et au noir. Les perles de toute eau offrent des cercles de nuances différentes qui rendent leur éclat moins parfait : elles sont dites « rubanées ». En Occident on estime surtout la couleur blanche et ses variétés azurées ou jaunes. Les Arabes préfèrent la teinte jaune, indice d’inaltérabilité. On entend par orient la pureté, le chatoiement, l’éclat, qualités qui, réunies, triplent quelquefois la valeur de perles de grosseur égale.

Les anciens recevaient leurs perles des Indes et du golfe Persique : le mot grec margaritis, dérivé du persan mèrvarid, témoigne de cette origine. On en a découvert de nouveaux bancs sur les côtes d’Australie, d’Amérique et autour de quelques îles de l’océan Pacifique. Les pêcheries de Bahreïn ne sont pas moins fort actives : au printemps elles occupent quinze cents bateaux et donnent un revenu annuel de dix millions, dont la population indigène ne profite guère.

Pas une perle dans le bazar : toutes sont vendues et emportées dès la fin de la pêche.

Prenons la clef des champs. Holà, les âniers !

Le sol est boueux et les sentiers glissants : peu importe, nos montures ont des ailes et nous amènent, après une série de chutes variées, au pied d’une vieille mosquée que signalent deux minarets encore debout. Cet édifice, jadis très vaste, a subi de nombreuses restaurations.

Procès-verbaux de réfections, élégants chapiteaux ornés d’épigraphes, nombreuses inscriptions à la louange d’Allah, dalles funéraires appliquées deci, delà, diront l’histoire de l’édifice à qui aura le loisir d’interroger les textes.

Non loin des ruines jaillissent des sources chaudes d’une merveilleuse transparence. Le cristal le plus pur paraîtrait trouble à côté d’elles. Autour du griffon, puis le long des canaux qui déversent dans des rigoles d’irrigation l’eau d’un puits artésien, s’étendent des champs de luzerne semés en planches comme nos potagers, et si verts, et si beaux, que chaque tige de fourrage semble pousser en serre chaude. Ce sont des jardins, toujours des jardins, traversés au galop des baudets, sous les feuilles ruisselantes des magnolias et des dattiers, sous les fleurs jaunes des mimosas vaporeux dont les troncs servent d’appui à des chèvrefeuilles embaumés. Une multitude de huttes recouvertes de nattes en feuilles de palmier,