Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Voici environ trois mois que, souffrante d’une piqûre anatomique mal guérie, j’ai quitté l’ambulance dont j’étais devenue « head nurse » dans une campagne du Surrey toute champignonnée de tentes rondes et bizarrement sillonnée de tranchées pour l’instruction des recrues.

J’ai retrouvé telle que, ma petite maison rouge habillée de lierre, où je vis si calme, — et si seule. Le gigantesque cyclone a emporté beaucoup de mes anciens amis parmi les professeurs et les étudiants ; les étudiantes aussi, car une jeune fille, infirmière en Serbie, est morte dans la neige pendant la terrible retraite ; une autre, portant l’uniforme des « Waacs », a été tuée par une bombe d’avion, non loin de Lille. Je me suis brouillée avec des gens… Ralph Wilmore, notamment, le grand fanatique de Mahler et de Strauss, qui déclarait avec sérénité que si les guerriers germaniques avaient incendié tant de villes, c’était un hommage inconscient rendu à l’ancien culte du feu — Lôge — et que les meurtres d’enfants