« M. Barral m’a donné de fort bons renseignements sur vous, Mademoiselle. À vrai dire, j’hésitais à prendre comme pensionnaire une personne venant de si loin ; car, vous savez, les étrangers…
— Je ne suis qu’à demi étrangère, Madame ; mon père est Norvégien évidemment, mais ma mère était Parisienne, et je me rappelle avoir toujours parlé français avec elle…
— Vraiment ? comme c’est curieux pour une Française d’épouser un Norvégien !
— C’est sans doute ce qu’a pensé sa famille de Paris qui s’est brouillée avec elle.
— Ah ! ceci est fâcheux. Mais, enfin, je m’explique que vous parliez si bien notre langue… Et vous avez fait ce voyage si long toute seule ? Vous n’avez pas eu peur ?
— Peur de quoi ? les trains sont très sûrs ; les bateaux aussi…
— C’est admirable ! Lorsque ma fille va à Versailles toutes les semaines donner ses leçons de piano,