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Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/159

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planté debout au milieu de la pièce (moi je me suis assise, sans attendre qu’on m’y invite). J’ai eu de la chance dans la vie ; tout le monde est épatant pour moi…

— Au fait, vous aviez, je me rappelle, un ami russe qui était toujours avec vous là-bas ; qu’est-ce qu’il est devenu ?

— Alkatchev ? oh, je ne sais pas… Je crois qu’il est retourné dans son pays pour faire la révolution ; et puis il est devenu ministre,… ou amiral… Mais je ne le voyais plus depuis bien longtemps… »

Comme je lui vois une ombre sur le visage, je me hâte d’ajouter :

« Et Barral ? parlez-moi de ce brave type-là !

— Eh bien, il a été très chic, vous savez ; il s’est engagé dès le commencement de la guerre, malgré ses cinquante ans, avec le grade de lieutenant d’infanterie ; et il a trimé dur… On l’avait envoyé en Serbie pour l’offensive de septembre. Mais je ne sais pas grand’chose sur lui, parce qu’on s’était perdu de vue depuis son mariage…

— Tiens ! il était donc marié ?

— Et comment ! une femme riche comme tout !… C’est égal, nous avons bien souvent bavardé de vous ensemble… ce qu’il m’en a raconté des histoires…