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Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/175

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un léger hâle a ôté sa pâleur maladive d’autrefois, et où les cheveux gris, lissés en courts bandeaux, font un contraste assez brusque avec les yeux sombres, bien sertis de longs cils noirs…

« Oui, vous avez raison ; les anciens souvenirs… » Je sens que je vais m’attendrir sottement. Je bifurque court :

« Et vous avez une fille, à ce qu’il paraît ? (Ni l’un, ni l’autre n’avons soufflé mot de sa femme.) Je sais même qu’elle est élève de l’École des Chartes…

— Mais oui ; elle marche bien, la petite… Il faudra que je vous la présente ; elle vous plaira, je crois… » Son visage s’est éclairci d’un sourire de vanité paternelle, inattendu chez Barral.

« Comme le temps marche, tout de même…

— Ah ! oui, que de changements, depuis l’époque de la cité Montparnasse… Au fait, elle est démolie cette pauvre cité… Dites donc, vous avez à peine dû vous y reconnaître dans votre ancien quartier ?

— Vous pensez ! ce quartier si paisible, tout en jardins de notre temps… Dans la lutte des grandes villes entre l’arbre et la pierre, ce n’était pas encore la pierre qui avait vaincu…

— Ah ! elle a vraiment vaincu, à présent ! Vous rappelez-vous l’ancien carrefour de la Croix-Rouge,