Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/28

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Il n’a jamais écrit. Il n’est jamais venu. Cela ne m’étonne pas.

Depuis hier, j’ai fait de nouvelles connaissances. Notre voisin d’en face, le peintre, qui loge en smala avec son frère, sa femme, son mioche et une petite fille de trois ans, orpheline laissée à sa charge par un autre frère ; ce peintre, tout hérissé de barbe et de cheveux noirs, avec là dedans des yeux très doux, sa poste parfois derrière la baie vitrée de son atelier, et crayonne précipitamment, en s’efforçant de se dissimuler, tandis que je passe devant le pavillon où il demeure. Ce matin, comme je remplissais ma carafe à la fontaine qui sert à tous les habitants de la cité, la femme du peintre est venue y apporter deux brocs de cuisine. Elle me fait alors des sourires et des politesses, selon son habitude, et me dit que son mari admirait beaucoup la nuance de mes cheveux blonds, sur lesquels un languissant soleil venait glisser à ce moment.

« C’est donc pour cela », dis-je, « que je l’ai vu