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Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/54

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La neige est venue. Enfin !… il me semblait qu’il manquait quelque chose à cet hiver indécis et mouillé. Mais ce n’est pas la toison immaculée dont s’habille le Holmenkollen pour recevoir les skieurs de Christiania. Un peu de sucre en poudre est tombé sur le terreau noir des jardins ; chaque lucarne a un petit bonnet de crème fouettée ; et par terre, hélas ! quelle boue glaciale couleur de mastic, dans laquelle se débattent les infortunés chevaux…

Noël. Ce matin dès six heures, les cloches se donnent la volée, se précipitent en galopades de sons clairs dans la nuit glaciale. Des halos de lanternes rayent l’obscurité. C’est vrai ; les dévotes du quartier vont à la première messe… Je vais coller mon front au carreau gelé. Dans la rue, passent des formes presque sphériques, vues d’en haut, avec leurs mantes gonflées par la bise ; chacune d’elles s’éclairant d’un falot, comme il y a deux cents ans, et poussant devant elle, sur le pavé, un rond lumineux, rouge ou fauve. Voici les cornettes de deux religieuses, bizarrement rebroussées en voiles de felouque ; une vieille demoi-