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Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/76

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« Un bon garçon, ce Barral, dis-je à mon voisin, l’étudiant du Louvre, qui le connaît également et vient de lui serrer la main. Très fin, artiste jusqu’aux moelles… c’est un plaisir de causer avec lui.

— Oui… c’est une nature pas banale, vraiment. »

J’hésite un instant ; puis je ne sais quelle drôle de curiosité me pousse :

« Il a toujours des histoires de femmes en train, n’est-ce pas ? Dernièrement, je crois que c’était une actrice du Français… »

Mon camarade me regarde, un peu étonné :

« Oh ! non, vous devez vous tromper ; il m’en aurait parlé, sûrement. Au contraire, la semaine dernière, il se plaignait à moi de la rareté de ses aventures sentimentales ; il me disait qu’il avait de la déveine ; qu’il ne trouvait jamais personne à son goût… »

Pourquoi ce petit sentiment de contentement qui m’effleura à ce moment ? Esprit de taquinerie satisfaite, sans doute. Barral m’agace avec ses histoires d’amour ; l’éternel travers des jeunes gens d’ici, d’ailleurs ; et je ne suis pas fâchée de savoir que tout cela est de la crânerie dépitée. C’est curieux, ce garçon dont je recherche toujours la compagnie, tout