Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/97

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Novembre 1918.

Quelle poignante, mélancolique et précieuse émotion je viens de ressentir en rouvrant ce cahier fermé depuis vingt-sept ans ! Oui, cela fait vingt-sept ans qu’il dormait là dans un coin de ma vieille malle, dont je viens de retirer, le cœur battant, des fourrures, des corsages, des jupes, un costume de barège mastic, un chapeau de crin noir, le tout de formes incroyablement baroques, enterrés comme de petites momies dans un tenace parfum de camphre… Je les ai étalées sur un fauteuil, ces reliques oubliées d’un fragment de ma vie. À présent, j’ai rouvert devant moi ce cahier cartonné de vert olive, portant cette petite inscription dorée : Au Bon Marché, Paris. — J’ai feuilleté lentement ces pages couvertes d’une longue écriture jaunie qui n’est plus tout à fait la mienne. Et comme la moitié du cahier est restée en blanc, je vais le finir ce cahier… de ma nouvelle écriture moins régulière, moins calme, qui est sans doute le reflet de la Thyra actuelle…