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I

BAISERS D’ENFANT.


Mon cœur d’enfant brûlait, mes lèvres ingénues
Baisaient les pleurs des fleurs, la pourpre des cerises.
Je livrais mes cheveux flottants et mes mains nues
Aux langoureux baisers des arômales brises,

Je pâlissais d’émoi pour un rayon de lune
Et mes doigts caressaient les blés et les brins d’herbe,
J’adorais le soleil, je rêvais à la brune,
J’entendais battre un cœur dans le chêne superbe.

Comme au cou d’un ami, mes bras ardents et frêles
S’enlaçaient, confiants, alentour de son torse.
J’écoutais les frissons du feuillage et des ailes,
Me blotissant, fragile, à l’abri de la force.

Ô mes lèvres d’enfant, candidement éprises,
Baisant le doux visage odorant de la rose
Et la pourpre soyeuse et pure des cerises
Et l’âme des forêts en un bel arbre enclose !