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Page:Swarth - Octobre en fleur, 1919.djvu/128

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hélène swarth.

VIII.

SUR UNE TOMBE.


Sur la tombe où tu dors, au murmure des chênes,
J’irai m’agenouiller, des roses dans ma robe.
Tu diras : — « C’est l’enfant dont j’ai brisé les chaînes,
C’est l’orgueilleuse enfant dont le cœur se dérobe. »

J’effeuillerai mes fleurs, comme une fraîche pluie.
Elles ruisselleront sur la tombe où tu rêves.
Oh ! vois, je te pardonne et j’ai l’âme éblouie
Du bleu ciel automnal et des suprêmes sèves.

Ô toi vers qui j’irais si tu vivais encore,
Pour pleurer dans tes bras ma peine inconsolée,
Si tu me vois souffrir, vois comme je t’implore,
Dis-moi des mots d’amour, ô chère âme envolée !

Je ne sais vraiment plus, tant se mêlent mes peines,
Si c’est toi qui m’absous ou moi qui te pardonne.
L’amour et la douleur ont mêlé leurs haleines
Et mon cœur triste est lourd comme un doux fruit d’automne.