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hélène swarth.

IX.

MOTS D’AMOUR.


Dis-moi les mots d’amour que je voudrais entendre,
Pour que je rêve encore et croie à l’âme-sœur,
Pour que je noie enfin ma peine en ta voix tendre,
Pour que mon cœur se désaltère en ta douceur.

Si tu me les disais, mais sans toi-même y croire,
Je les boirais pourtant comme autant de baisers.
Pâle, je laisserais tes douces lèvres boire
Mes longs pleurs de douleur, par ta bouche apaisés.

Si tu me les donnais, comme on verse une aumône
Au mains du mendiant qui fut riche autrefois,
Rien que pour le plaisir d’offrir la pièce jaune,
Le plaisir de donner, la volupté des rois,

Je recevrais pourtant comme un bienfait suprême,
Les yeux mi-clos d’extase et tremblant dans tes bras,
Les paroles d’amour, les mots d’émoi que j’aime,
Mais qu’ils me seraient doux, tu ne t’en doutes pas.