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hélène swarth.

XVII.

RÊVERIE.


J’emplirai lentement le grand vase de cuivre
Du roux et brun velours des derniers chrysanthèmes
Et de l’or du feuillage automnal qui m’enivre
Et je clorai les yeux pour rêver que tu m’aimes.

Les rideaux aux plis lourds glisseront sur leurs tringles,
La chambre s’emplira du mystère de l’ombre,
J’écouterai la pluie aux pleurs amers qui cingle
Le verre des vitraux voilés de velours sombre.

Dans l’âtre j’avivrai les rougeurs de la flamme,
Dans le creux d’un coussin reposera ma joue
Et je tendrai les bras à mon rêve de femme,
Comme un crédule enfant qui ne sait plus qu’il joue.

Et je veux m’endormir comme une enfant câline,
Les lèvres sur la main qui tendrement la frôle,
Au berceau de tes bras, au creux de ta poitrine
Et le poids de mon front ployé sur ton épaule