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rêves d’automne.

LV.

TROP TARD.



Tu me clôras les yeux, lassés de tant de larmes,
Tu resteras rêveur devant mes yeux fermés.
Tu sentiras planer les indicibles charmes
De la mort sur mes yeux que tu n’as pas aimés.

Un douloureux sourire apâlira mes lèvres.
Tu comprendras soudain que j’ai souffert pour toi.
Comme pour apaiser mes amoureuses fièvres,
Tu baiseras mes yeux en tressaillant d’émoi.

Et tu regretteras la volupté suprême
Que mon amour te réservait comme un trésor.
Et tu diras en vain : — « Réveille-toi, je t’aime !
Malgré l’affreux passé tu sourieras encore. »

Je ne sentirai plus tressaillir mes paupières
Et palpiter mon cœur au doux son de ta voix.
Mes lèvres resteront plus froides que les pierres
Sur les rigides morts endormis sous leurs croix.