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hélène swarth.

LXXXVI.

SUR TES YEUX…


Sur tes yeux purs et froids et tes lèvres sévères
J’appuierai mes regards comme de longs baisers.
Oh ! le doux bleu câlin des clairs cieux printaniers
Dissoudra-t-il enfin l’azur des mers polaires ?

Dédaignant ma douleur, comme les vierges fières
Qui ne veulent pas voir le désir à leurs pieds,
Pour ne pas recevoir mes regards éplorés,
Tu détournes le front, tu baisses les paupières.

Sans gronder mon amour comme un enfant mutin,
Ami, prends sur ton cœur ma main que ta main frôle,
Console ma douleur de ta voix qui m’enjôle,
Sois l’ami secourable et non le dieu lointain.
Ne me renferme pas dans l’horreur de ma geôle,
Après m’avoir montré les splendeurs du matin.