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hélène swarth.

LXXXVIII.

MÉLANCOLIE D’AVRIL.


Viens, quand nous serons las d’admirer sur les branches
Les feuillages d’Avril et les floraisons blanches
Et l’azur flamboyant, d’où l’homme exila Dieu,
Nous nous reposerons, le corps lourd, le cœur triste,
Dans l’herbe où l’hyacinthe est comme une améthyste
Et la pervenche en fleur comme ton regard bleu.

Nous nous prendrons la main simplement, sans rien dire.
En écoutant le vent qui susurre et soupire,
Dans l’herbe et dans les fleurs nous coucherons nos fronts.
Comme on flaire en rêvant l’arôme d’une pêche,
Ô chère âme ! aspirons l’odeur calmante et fraîche,
Avant-goût de la terre où nous reposerons.

Quand nous serons trop las de souffrir et de vivre,
Nous éteindrons la lampe et nous clôrons le livre
Et nous irons mourir sous le ciel étoilé.
Cher, ce n’est pas de peur, c’est d’amour que je tremble.
Nous nous prendrons la main pour mieux mourir ensemble.
La mort sera clémente à mon cœur exilé.