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hélène swarth.

CI.

PERLES ET ROSES.


Ta voix mue en joyaux tous les mots qu’elle touche
Et moi, comme une enfant, bambine émerveillée
Qui pour un conte bleu prolonge la veillée,
De mes yeux grands-ouverts je contemple ta bouche.

Je rêve au don charmeur de la princesse étrange
Qui laissait, en parlant, de ses lèvres écloses
Splendidement pleuvoir des perles et des roses,
Car une fée avait béni ses lèvres d’ange.

Je récolte à genoux les perles et les roses,
Comme au temps bleu-de-lune où vivait la princesse,
J’en caresse ma joue et lentement j’en tresse
Une couronne, afin qu’à mon front tu la poses.

Si les passants, ravis, admirent ma couronne,
Je dirai que c’est toi, cher, qui me l’as donnée.
Baise mes yeux câlins et ma bouche étonnée,
Que je baise, à genoux, ta chère main qui donne.