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hélène swarth.

XCVIII.

AMOUR FATAL.


Je maudis cet amour fatal où je m’enlise
Et je crie au secours dans la forêt déserte.
Mais le marais masqué de fleurs et d’herbe verte
Veut sa proie et je crie en vain, dans l’ombre grise.

Je maudis le cruel amour qui veut ma perte
Et qui m’affole encor de volupté promise.
Oh ! d’où vient cette odeur exquise qui me grise ?
— Jardin du Paradis, porte du Ciel ouverte ?

Nul n’entendra mes cris — l’homme a clos sa demeure
Et dort, nul n’entendra les sanglots que je pleure
Et me tendra la main pour que je me libère.

Oh ! j’aurais mieux aimé que, triomphant, m’eût prise
L’Amour aux yeux vainqueurs, l’Amour qui baise et brise,
Moi qui passais dans la forêt, chantante et fière.