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hélène swarth.

CXIV.

LA CHAMBRE.


La chambre m’est sacrée où ton regard m’a lui.
J’y veux rester rêver, ne parlant à personne,
En écoutant le vent, le feu, l’heure qui sonne,
Sur mes genoux frileux berçant mon pâle ennui.

Et mon cœur douloureux qui pleure et qui s’étonne
Dira : — « Qu’avons-nous fait du beau printemps enfui ?
J’attendais mon amour et j’ai crié vers lui.
Il est venu trop tard, dans la forêt d’automne. »

— Ô mon cœur douloureux ! ne pleure pas si fort !
Nous dormirons bientôt d’un bon sommeil sans rêve.
— « Non », me répond mon cœur, « je veux souffrir encor. »

— Ô cœur gonflé d’amour comme un fruit lourd de sève,
Fruit néfaste et maudit comme la pomme d’Éve,
Ô cœur désespéré ! ne veux-tu pas la mort ?