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rêves d’automne.

CXX.

CRÉPUSCULE D’HIVER.



Un chanteur ambulant sanglote une complainte,
La voiture qui passe a l’air d’un corbillard.
Le soleil d’or est mort, le glas, lugubre, tinte.
Le pavé gras reluit sous la pluie, il est tard.

Comme un trop faible enfant battu par sa marâtre,
Le vent dolent pleure et se meurt, exténué. —
Laisse jouer, ami, la rougeur de mon âtre
Sur la noble pâleur de ton visage aimé.

Je boirai, les yeux clos, si tu ne me repousses,
Ton haleine fleurant la pomme et l’ananas.
Donne-moi tes yeux purs, donne-moi tes mains douces.
J’ai dompté mon amour, mes mains ne tremblent pas.