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hélène swarth.


Le parfum des sureaux, sous le ciel étouffant,
Me rappelle l’enfance, au jardin du couvent.

Un sureau fleurait doux, arbre ombreux et robuste,
Me troublait, m’enivrait de son odeur vénuste.

Je lui tendais les bras, j’appuyais à son tronc
Le rêve de bonheur palpitant sous mon front.

Oh ! l’odeur des sureaux ne veut pas que j’oublie
Celui qui me vola, pour la briser, ma vie.

Ô les sureaux en fleur ! ô mon cœur vide et lourd,
Si lourd de désespoir et si vide d’amour !

Oh ! dis — sur le gravier quel pas joyeux s’approche ?
J’écoute — Les oiseaux se sont tus et les cloches.

Si c’était lui ? Je l’ai rêvé… mais non, jamais
Mes yeux ne reverront celui que tant j’aimais.

Ce pas… il est passé. Mon rêve me bafoue.
Oh ! des pleurs pour laver ses baisers de ma joue !