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hélène swarth.


Ô toi qui pris mon cœur pour le martyriser
Et pour le rejeter dans l’ombre,
Je dois te mépriser pour si bien maîtriser
La rancœur où mon amour sombre.

Oh ! si je pleure encor, les yeux clos dans la main
Et si plus rien ne me console,
Ni la brise du soir au baiser presque humain,
Ni l’oiseau qui chante et s’envole,

Ni l’ombre et les soupirs de la fraîche forêt,
Ni les blés d’or, ni la bruyère,
Ni le nuage blanc qui plane et disparaît,
Ni les flots bleus de la rivière,

C’est que tu m’as tout pris, pour le jeter au feu
De ta luxure : amour, jeunesse,
Bonheur et qu’il me faut un miracle de Dieu
Pour que mon cœur brûlé renaisse.