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hélène swarth.

II.

DANS LA FORÊT.



Les amoureux s’en vont dans la forêt mouillée,
Sous la feuillée en pleurs, dans les sentiers étroits,
Extasiés d’amour et l’âme agenouillée,
Les amoureux s’en vont dans l’ombre des sous-bois.

Autour d’eux le printemps enjôleur est complice,
Les baisers de la brise odorant les tilleuls,
Le doux soleil couchant comme un rouge calice,
L’appel du rossignol, le bonheur d’être seuls.

Charmés et puérils, sentant l’âme qui touche
L’âme en la molle étreinte où se fondent leurs mains,
Comme un fruit rouge et mûr ils se prennent la bouche
Et boivent, les yeux clos, l’oubli des lendemains.

Enfants, lorsque se lève en moi comme une houle
Le regret de l’amour aux vœux inapaisés,
C’est que vous vous aimiez sur l’herbe que je foule,
Que j’aspire la brise odorant vos baisers.