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hélène swarth.

III.

AUBE.


Le ciel rosit d’émoi, le jour d’été va naître.
L’aube s’étire, pâle en sa robe de lin.
Le marronnier touffu murmure, à ma fenêtre
Et sur mes yeux brûlants passe le vent câlin.

Un long frisson d’éveil frémit parmi les branches,
Ondule dans les flots des avoines vert-paon,
Dans le sarrazin frêle aux graciles fleurs blanches,
Dans le seigle blond glauque et le jaune froment.

Un loriot s’éveille — un coucou — puis un merle
Une mésange — et c’est un doux concert confus.
Sur la colline, au loin, flotte un voile gris-perle,
Comme on voit un sourire à travers un refus.

Et langoureusement la colombe roucoule
Son monotone appel vers l’amour adoré,
Tandis que d’un pas lent rêveusement je foule
Le gravier de la sente et l’herbe en fleur du pré.