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solitude.

XVI.

PHALÈNES.



La chambre est pleine de phalènes.
Ils entrent comme les haleines
Du tiède soir mourant d’amour,
Fuyant le gris du crépuscule,
Tout affolés par l’or qui brûle,
Ils volent, volent alentour.

Et c’est en vain que je les chasse.
Sur ma main qui retombe lasse
Neigent leurs corps de velours blanc.
Et leurs ailes qu’un mauvais ange
Marqua d’un signe noir étrange
Ont un parfum brûlé troublant.

Désir qui follement tournoies
Autour du prometteur de joies,
Donnant la mort, l’atroce amour,
Tu meurs, brûlé comme un phalène.
La chambre de mon cœur est pleine
De mes désirs brûlés d’amour.