Page:Swift - Instructions aux domestiques.djvu/10

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plus se séparer de lui, mais, en mourant, lui lègue le soin de publier ce qu’il laisse d’écrits.

Éditeur des œuvres de cet homme d’État, Swift n’obtient rien de Guillaume III, à qui il les a dédiées, et qui avait promis pour lui au défunt une prébende de Canterbury ou de Westminster, tandis que de lord Berkeley, qui, pour lui avoir aussi manqué de parole, est traité par lui fort vertement, il obtient du moins le vicariat de Laracor en Irlande.

Cet Irlandais, qui se regarde comme en exil dans son pays, ne parvient pas à fixer ailleurs sa résidence ; cet Irlandais, toujours prêt à dire du mal de l’Irlande, expose pour elle sa fortune, sa liberté, sa vie, et la sauve, pour près d’un siècle, de l’asservissement dont l’Angleterre la menace.

Ce grand politique a par conviction, comme d’autres l’avaient par calcul, un pied dans chacun des camps entre lesquels est divisée l’Angleterre. Comme partisan de la liberté, il est avec les whigs ; comme partisan de la haute Église, il est avec les torys.

Ce prêtre écrit en faveur de la religion anglicane un ouvrage considéré par ceux même qu’il défend comme irréligieux ; et cet ouvrage, qui lui ouvre le chemin de la renommée, lui ferme celui de l’épiscopat et de la Chambre des lords.

Ce vicaire, qui ne peut arriver à rien, obtient pour les autres tout ce qu’il demande. Ce curé de campagne, dans le pays le plus respectueux du rang et de la richesse, sans autre point d’appui que son mérite personnel et la