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Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 2 - Scheurleer 1732.djvu/130

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Bataille

voix de ce Champion répondoit à ſon viſage ; le ſon en étoit maigre & foible. Il fit une longue Harangue, pour s’inſinuer dans l’eſprit de ce bon Ancien ; &, par une longue ſuite de Généalogies, il lui fit paroitre avec évidence, qu’ils étoient unis enſemble par les liens reſpectables du ſang. Il propoſa enſuite un troc d’armes comme une marque éternelle d’Hoſpitalité entre eux.

Virgile y conſentit ; car, une Divinité ennemie vint, d’une main inviſible, répandre devant ſes yeux un noir brouillard ; & il donna des armes d’or, de la valeur de cent Bœufs, pour des armes de fer mangées par la rouille[1]. Il eſt vrai, que cette Cuiraſſe brillante convenoit encore moins aux foibles membres du Moderne, que celle qu’il venoit de quitter.

Ils convinrent enſuite de faire un échange de leurs chevaux ; mais, quand
  1. Dryden a traduit Virgile ; &, en troquant, pour ainſi dire, ſon Eneïde Angloiſe contre l’Original, il donne des armes de Fer contre des armes d’Or. Cet endroit eſt une Imitation d’un Paſſage d’Homere, où Glaucus troque ſes armes d’Or contre les armes d’Airain de Diomede.