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ESSAY SUR LES

gens, auſſi peu que la mer ſe mit en peine de ceux de Xerxes. Je ſai bien, que la plus grande faveur, qu’on puiſſe atendre d’eux, eſt celle que Polypheme promit à Uliſſe ; d’être devoré le dernier. Ils s’imaginent vaincre un Auteur à la maniere de Céſar, par un Veni, vidi, vici.

J’avouë, que je fais un cas extraordinaire du jugement d’un petit nombre de gens ſenſez, d’un Rhymer, d’un Denys, d’un Welsh[1] ; mais, pour dire mon ſentiment des autres en fort peu de mots, je crois, qu’on peut aſſeurer, que le vide, dont les Philoſophes ont ſi longtems diſputé, ſe trouve dans le cerveau de ces petits Eſprits. Ils ne ſont que les Guépes du Monde ſavant ; ils dévorent le miel, & ils ne veulent pas travailler eux-mêmes. Un Auteur ne doit pas s’en embaraſſer d’avantage, que la Lune ne ſe met en peine des abboïemens d’un Dogue. En dépit de leurs terribles rugiſſemens, il eſt facile de découvrir chez eux l’Ane ſous la peau du Lion.

J’en reviens à mon ſujet. Qu’elle eſt

  1. Auteurs médiocres.