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Diſſertation contre

tout Eſprit fort ; & je lui demande, ſi, en cherchant à ſatisfaire quelque paſſion favorite, il n’a pas toûjours ſenti un merveilleux ſurcroit de plaiſir, en ſongeant que ce qu’il faiſoit étoit défendu ? Ce n’eſt uniquement, que pour cette raiſon, que la Sageſſe de nos Legiſlateurs prend un ſoin ſi particulier de faire porter aux Dames des Etoffes défenduës, & de faire boire à nos gourmets du Vin dont on ne permet pas l’entrée[1]. Il ſeroit à ſouhaiter même qu’on augmentât ces ſortes de défenſes, pour donner de la pointe aux plaiſirs des ſujets ; qui, faute de pareils expediens, commencent à tomber en langueur, & à devenir de plus en plus acceſſibles aux Maladies de la Ratte.

On propoſe encore, comme un Avantage très-conſiderable, que, ſi on bannit une fois l’Evangile de nos Roïaumes, elle envelopera dans ſa ruïne toute Religion en général, avec tous ces préjugez pernicieux de l’éducation, qui, ſous les noms de Vertu, de Conſcience, d’Honneur, & de Juſtice, ne font que trou-

  1. En faiſant des Edits contre les Etoffes étrangeres, & contre les Vins de France.